Is 60,1-6 ; Ps
71 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2,1-12
Chers frères et sœurs,
L’histoire des mages venus d’Orient adorer l’enfant Jésus à
Bethléem pose à certains spécialistes de la Bible un problème d’interprétation.
Pour eux, cette histoire est une manière légendaire de dire que la naissance de
Jésus est un événement qui s’adresse à tous les peuples de la terre, et non pas
seulement au seul peuple d’Israël. Ces spécialistes nous expliquent que le
rédacteur de l’Évangile s’est inspiré du texte du prophète Isaïe, que nous
avons entendu, pour composer de lui-même cette histoire des mages, qui selon
eux bien sûr, n’ont jamais réellement existé.
Le problème est que les informations données par saint Mathieu
semblent exactes, notamment les références chronologiques, et celles qui
concernent l’étoile qui guida les mages. Des recherches récentes menées avec des
moyens scientifiques, montrent qu’il n’y a pas seulement une possibilité
d’expliquer l’existence de cette étoile, mais il y en a même plusieurs. Cet
état de fait entraîne un conflit d’interprétation avec les spécialistes qui
croient que cet événement est une légende.
En fait, nous avons le choix. Soit nous croyons que cette histoire
d’étoile et de mages est légendaire, et nous pensons que l’évangéliste a
composé un récit à sa manière en s’inspirant d’un texte ancien, celui d’Isaïe,
pour nous faire passer un message généreux d’universalité de la religion
chrétienne ; soit nous croyons que, réellement, des hommes savants sont
venus d’Orient attirés par un phénomène cosmique inhabituel et, dans ce cas,
saint Mathieu a simplement rapporté que cet événement curieux réalisait la
vieille prophétie d’Isaïe. Et donc, que cet événement était vraiment
extraordinaire puisqu’il annonçait et confirmait la naissance du Messie attendu
depuis des siècles.
Chers frères et sœurs, tous les évangiles nous posent sans cesse ce
même problème de lecture : devons-nous considérer que ces textes sont des
recueils de bonnes pensées, rédigés sous forme de récits plus ou moins imaginaires,
inspirés de textes anciens réutilisés pour l’occasion ; ou bien pouvons-nous
croire au témoignage des évangiles qui annoncent la réalisation en Jésus-Christ
des promesses faites autrefois à Israël ?
Si nous sommes en cohérence avec la foi catholique, c’est bien le
second choix que nous devons faire. Nous avons foi en ce Jésus, Dieu fait homme,
dans ces circonstances tout autant ordinaires qu’extraordinaires, qui
confirment sa divinité, et non pas en des idées généreuses qui ne dépassent malheureusement
pas l’horizon de notre humanité. Nous ne plaçons pas notre foi dans des
« fables sophistiquées » disait déjà saint Pierre dans sa seconde
Lettre, mais dans le témoignage de ceux qui ont vu et ont même touché Jésus et
Jésus ressuscité.
Le choix est là : ou bien Jésus est venu dans notre chair pour
faire de nous des fils de Dieu, sanctifiés par l’Esprit Saint et appelés à la
Béatitude éternelle dans la communion des saints, ou bien nous sommes des
adeptes d’une religion humaine, qui ne propose que des valeurs purement terrestres
pour vivre ensemble le temps présent, aussi bien que possible, mais pour
laquelle il n’y a aucun sens après la mort.
Voilà à quoi nous mènent ceux qui doutent : en même temps
qu’ils affaiblissent la foi, ils dissolvent l’espérance. Au contraire, ceux qui
accordent leur foi au témoignage des Apôtres et des Évangélistes, voient se
gonfler leur espérance comme une voile de navire. Et déjà en ce monde, ils
connaissent une joie puissante qui leur vient du ciel d’auprès de Dieu.
A-t-on peur de la science, qui pourrait flétrir le témoignage
évangélique ? Certainement pas ! Au contraire, si les événements qui
nous ont été transmis sont véridiques, alors la science ne peut que conforter
leur réalité. La science n’est pas l’ennemi du chrétien, elle est son meilleur
auxiliaire pour conforter sa foi.
Dans l’histoire de l’étoile et des mages, il n’y a rien qui puisse
ou qui doive nous effrayer. Au contraire, nous pouvons y découvrir la lumière tant
espérée qui transforme le monde et qui concerne tous les peuples, en commençant
petitement dans une étable à Bethléem, en Judée, au temps du roi Hérode le
Grand, très précisément.