Is
40,1-5.9-11 ; Ps103 ; Ti 2,11-14 ;3,4-7 ; Lc 3,15-16.21-22
Chers frères et sœurs,
Il y a, dans l’Évangile d’aujourd’hui, deux passages-clé pour
comprendre tout l’enjeu, pour nous, du baptême de Jésus.
Le premier passage est la citation du propos suivant de
Jean-Baptiste, que l’on trouve chez tous les évangélistes : « Je
ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales ». Bien sûr,
il veut dire qu’il est tout-petit par rapport à Jésus. Mais si on en reste là,
on ne comprend pas vraiment pourquoi.
La clé se trouve dans l’identité de Jean-Baptiste lui-même. Il
appartient à la 8ème classe des prêtres du Temple de Jérusalem,
celle d’Abia, comme son père Zacharie. Or, il est nécessaire aux prêtres de
retirer leurs sandales pour pouvoir accomplir leur office liturgique, quand ils
entrent dans le sanctuaire du Temple. Il en va ainsi comme Dieu l’avait dit à
Moïse au Buisson Ardent, et à Josué à l’entrée de la Terre Promise :
« Retire tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une
terre sainte ». En évoquant le fait qu’il n’est pas digne de retirer
les sandales de Jésus, Jean-Baptiste indique donc que Jésus est le Grand Prêtre
qui va entrer dans la Terre Promise, dans le sanctuaire du Temple.
Nous pouvons faire un pas de plus en citant le second passage-clé
de l’Évangile : « Après avoir été baptisé, Jésus priait, le ciel
s’ouvrit. L’Esprit Saint… descendit sur Jésus ». Eh bien, chers frères
et sœurs, en une ligne, vous avez tout le déroulement de la prière liturgique
du Grand Pardon au Temple de Jérusalem.
Après avoir été purifié, après avoir enlevé ses sandales et s’être
dépouillé de ses vêtements pour revêtir une simple tunique de lin blanche, le Grand
Prêtre entrait dans le sanctuaire pour adresser les prières du peuple à Dieu.
Le rideau du Temple le séparait du Saint des Saints où se trouvait la présence
de Dieu, qui reposait sur l’Arche d’Alliance. Seulement pour la liturgie du
Grand Pardon, le grand prêtre franchissait ce rideau pour entrer dans le Saint
des Saints. Le Grand Prêtre était alors sanctifié par Dieu, et, à l’issue de la
liturgie, il sortait sur le parvis du Temple pour sanctifier à son tour le
peuple et manifester ainsi que Dieu lui avait accordé le pardon.
C’est justement ce qu’il se passe avec Jésus. Après avoir accompli
le rite de purification en recevant le baptême de Jean, il s’est mis à prier
son Père qui est au ciel, comme le Grand Prêtre priait Dieu, dont la présence
se trouvait derrière le rideau, dans le Saint des Saints ; or le ciel s’est
ouvert comme le rideau du Temple s’est écarté, pour que Jésus Grand-Prêtre soit
mis en présence de Dieu son Père et qu’il soit sanctifié par lui :
l’Esprit Saint – dit saint Luc – descendit sur Jésus.
Donc, si Jean-Baptiste n’est pas digne de dénouer la courroie des
sandales de Jésus, c’est parce que celui-ci est le vrai Grand Prêtre qui entre
dans le Saint des Saints du ciel pour obtenir le pardon pour tout le peuple, et
qui est sanctifié par Dieu à cette fin. La preuve que Jésus est vraiment ce
Grand Prêtre, c’est que le ciel s’est ouvert et qu’il a été sanctifié dans le
Saint Esprit.
Le message de l’Évangile d’aujourd’hui, chers frères et sœurs, est
que Jésus est donc accrédité comme Grand Prêtre auprès de Dieu son Père pour
nous apporter en son nom le pardon, la sanctification et la bénédiction comme
peuple de Dieu renouvelé dans l’Esprit Saint.
Cela, Jésus va le réaliser réellement et totalement, non pas
seulement en figure comme on vient de le voir à l’occasion de son baptême par
Jean, mais par sa vie entière, par sa Passion et par sa Croix qui est sa prière
d’offrande à Dieu. Souvenez-vous : lors de la mort de Jésus, le rideau du
Temple s’est déchiré. Lors de son Ascension au ciel, Jésus est entré dans le vrai
Saint des Saints du ciel auprès de Dieu son Père, et l’Esprit qui est répandu à
la Pentecôte indique que Dieu le Père nous a vraiment pardonné, nous a vraiment
sanctifiés et a fait de nous son Peuple, ses fils et ses filles bien-aimés. C’est
ce que dit Saint Paul à Tite à propos de Jésus : « Il s’est
donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier
pour faire de nous son peuple ». C’est ce qu’avait annoncé
Jean-Baptiste : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le
feu ».
Chers frères et sœurs, lorsque nous sommes baptisés dans l’Esprit
Saint, à notre baptême, nous sommes pardonnés de toutes nos fautes, nous sommes
sanctifiés et nous sommes faits fils et filles de Dieu, membres de son peuple
saint, participants de la communion des saints. Et cela nous a été obtenu par
l’office de Jésus, qui est le seul vrai Grand Prêtre qui entre auprès de Dieu,
son Père et notre Père, pour nous obtenir le pardon et la vie éternelle.