dimanche 1 juin 2025

01 juin 2025 - AUTREY-lès-GRAY - 7ème dimanche de Pâques - Année C

Ac 7, 55-60 ; Ps 96 ; Ap 22, 12-14.16-17.20 ; Jn 17, 20-26
 
Chers frères et sœurs,
 
Les lectures de ce dimanche illustrent parfaitement la situation réelle de l’Église, notre situation, dans le monde de ce temps. En effet, nous sommes bien dans cet entre-deux où d’un côté, dans le passé, notre Seigneur le Christ Jésus est monté au ciel, et de l’autre, tournés vers l’avenir, nous attendons sa venue dans la gloire.

Dans le passé, nous avons le martyre d’Étienne qui, comme les Apôtres lors de l’Ascension de Jésus, « contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Cela nous rappelle que par la foi, l’Église contemple les réalités célestes. Elle affirme cette contemplation non seulement dans des paroles, par la proclamation de l’Évangile, mais aussi dans des actes, par la liturgie elle-même. La liturgie n’est-elle pas l’expression des réalités célestes dans notre monde terrestre ? C’est là quelque chose d’incompréhensible et parfois insupportable aux hommes, ce qui peut conduire l’Église – comme Étienne – au témoignage du martyre.
Vers l’avenir, nous avons la vision de saint Jean : « Voici, je viens sans tarder. » Le Seigneur Jésus annonce sa venue prochaine, qui est le jugement dernier : « Heureux ceux qui lavent leurs vêtements : ils auront droit d’accès à l’arbre de la vie et, par les portes, ils entreront dans la ville. » Par le baptême, les hommes ont accès au Corps et au Sang de Jésus et, franchissant ainsi le voile qui sépare le ciel et la terre, ils ont accès à sa communion de vie éternelle. Tel est notre avenir, le but de notre espérance, notre vocation.
Remarquez que, dans la liturgie dont nous venons de parler, nous avons déjà accès à cette vie éternelle. Dans la liturgie, le temps est transformé en éternité. C’est ainsi que l’Église se réjouit de la vie future qu’elle contemple par la foi et qu’elle reçoit déjà par les sacrements. Et avec les anges, elle chante le psaume : « Le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! Joie pour les îles sans nombre ! » Cette louange n’est pas à conserver pour nous ; elle est une eau vive à partager avec ceux qui ont soif, partout dans l’univers, jusque dans les îles lointaines.

L’Église est donc tout à la fois contemplation des réalités célestes, attente et accueil de la vie divine dont elle se nourrit déjà par les sacrements, et louange de Dieu dans la joie – une joie contagieuse ; tout ceci engendrant incompréhension, moqueries, parfois opposition et violence, de la part des puissances obscures.
 
Cependant, notre Seigneur le Christ Jésus, demeure à la tête de son Église. Sa présence au Ciel, devant son Père, est pour nous une providence : car il intercède directement en notre faveur afin que nous soyons bénéficiaires de la force de Dieu : l’Esprit de sainteté. Cette prière de Jésus nous donne trois informations importantes.
La première est qu’il prie le Père que nous soyons « un », c’est-à-dire en communion parfaite avec eux, dans la gloire, et aussi par conséquent entre nous. La communion parfaite n’est pas la dissolution de nos identités dans un grand tout divin impersonnel – ce serait la mort ultime ; mais au contraire cette communion est l’illumination de chacun d’entre nous, avec la transfiguration de ce que nous portons en nous de meilleur au profit de tous. L’image la plus parlante est sans doute celle de l’orchestre : diversité des instruments emportés dans la symphonie de la plus belle des valses, le Père ayant écrit la partition, le Christ Jésus dirigeant l’orchestre, et l’Esprit étant la musique elle-même, faisant l’unité de tous. Jésus prie donc pour que nous formions une seule communion dans la Sainte Trinité et entre tous.
La seconde information est qu’il prie son Père afin que par l’Esprit, nous vivions réellement cette communion divine déjà maintenant, dans notre temps. Il s’agit que l’Église de la terre soit une, comme elle l’est déjà dans le ciel. Cette unité spirituelle doit être réellement vécue puisqu’elle est le moteur de l’évangélisation : « Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé. » Ce faisant, si Jésus prie son Père pour que cette unité soit possible, c’est qu’il y a des forces contraires à l’intérieur de l’Église elle-même, malheureusement. La tentation de la division n’est pas extérieure à nous-mêmes, elle nous est intérieure – elle nous traverse tous – et le Seigneur Jésus prie son Père que par le don de l’Esprit Saint, l’unité sur terre comme au ciel soit la plus forte.
Enfin, troisième et dernière information, Jésus reconnaît que les forces contraires agissent aussi à l’extérieur de l’Église : « Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. » Nous retrouvons l’expérience d’Étienne : le monde ne connaît pas la gloire de Dieu et se rebelle contre elle, parfois avec violence, préférant les ténèbres à la lumière. Jésus prie donc son Père pour l’Église que nous formons, semblable à un bateau sur la mer, ne soit pas engloutie par les eaux tumultueuses, mais aborde bientôt tantôt les îles lointaines, tantôt la terre ferme du Royaume des cieux.
 
Chers frères et sœurs, que de bonheur à réentendre les lectures de ce dimanche : elles nous rappellent la situation et la vocation de l’Église dans le monde, et notre vocation à chacun, ainsi que la prière de Jésus pour nous tous à toute heure. Réjouissons-nous de la lumière de l’Esprit que le Père nous accorde généreusement, et rendons-lui grâce maintenant et dans toute notre vie. 

Articles les plus consultés