lundi 11 septembre 2023

08-09 Septembre 2023 - VELLOREILLE-lès-CHOYE - DAMPIERRE-SUR-SALON - 23ème dimanche TO - Année A

Ez 33,7-9 ; Ps 94 ; Rm 13,8-10 ; Mt 18,15-20
 
Chers frères et sœurs,
 
Comme toujours, le Seigneur ne nous demande pas des choses à son égard ou à l’égard d’autrui qu’il n’a d’abord pratiquées lui-même envers nous. Vous avez remarqué que dans l’affaire du litige entre deux chrétiens, entre mon frère et moi, il y a une progression dans la manière de le régler. D’abord un règlement à l’amiable, directement entre les deux. Si cela ne marche pas, ensuite un entretien mi-privé – mi-public, en présence de deux ou trois témoins. Et si cela échoue encore, l’affaire est portée en présence de l’Église, c’est-à-dire ici de la communauté chrétienne présidée par l’évêque.
 
Or c’est exactement de cette manière que Dieu règle les conflits que nous avons avec lui. C’est ainsi que, dans l’histoire sainte, après que l’homme se soit rendu pécheur en Adam et Eve, Dieu s’est d’abord adressé à la conscience d’un homme seul : Abraham, puis à travers lui, à la lignée des patriarches : Isaac, Jacob, Joseph… Mais, malgré leur bonne foi, le monde ne s’est pas converti, alors le Seigneur a continué de s’adresser à l’humanité, à travers les prophètes : Moïse, Jérémie, Isaïe, Ézéchiel, Joël, Amos…, mais aussi Ruth, Esther, Déborah… Ils sont deux ou trois les témoins que Dieu a présenté devant nous pour nous appeler à nous réconcilier avec lui. Mais là encore cela a échoué en partie. Alors, Dieu notre Père nous a envoyé son Fils, Jésus, qui n’est autre que la tête de l’Église, et dont l’Église est le corps. La présence de Jésus, c’est le jugement dernier peut-on dire. Si on refuse sa Parole, si on refuse sa Présence, alors tout est lié, et l’on est comparable à des païens ou des publicains – c’est-à-dire des excommuniés. Mais si on écoute sa Parole, si on accueille sa Présence, alors tout est délié et l’on vit réconcilié dans sa communion.
 
Ainsi Dieu a-t-il fait pour nous, par étapes, au cours de l’histoire sainte. D’abord la conscience des patriarches, puis la voix des prophètes, et enfin la présence du Christ Jésus. Il nous demande de régler nos litiges avec la même patience : à l’amiable, avec la conscience de chacun, avec deux ou trois témoins si nécessaire, et enfin, en Église, dont le Christ Jésus lui-même est à la tête. Si on va au-delà, au tribunal civil, c’est qu’on n’est déjà plus des frères.
 
Nous pouvons tirer deux leçons de cet enseignement.
 
La première est pour notre vie spirituelle. Celle-ci commence par la conscience, notre simple conscience chrétienne, en laquelle Dieu nous parle continuellement, seul à seul, intimement, comme dans un cœur à cœur. Mais bien souvent nous n’écoutons pas. Notre vie spirituelle se nourrit aussi, s’enrichit et se renforce par la connaissance et la fréquentation des Écritures : la vie des Patriarches et des Prophètes. Mais aussi, pour nous chrétiens, les Évangiles et les écrits des premiers Pères de l’Église, comme Saint Irénée de Lyon, par exemple. Ils agissent tous comme des prophètes, qui nous rappellent la voix de Dieu qui s’adresse à notre conscience. Ce sont les témoins que Dieu nous donne, ou nous envoie. Mais lisons-nous la Bible, fréquentons-nous les Pères de l’Église ? Le Seigneur n’abandonne pas l’espoir d’une conversation entre lui et nous. Il nous donne enfin l’Église elle-même, c’est-à-dire les sacrements. Baptême, confirmation, eucharistie, mais aussi ordination ou mariage, réconciliation et guérison. Ces gestes d’Église, qui sont en même temps des paroles de Jésus, sont communion et d’une certaine façon jugement. Car qui refuse un sacrement, automatiquement s’exclue lui-même de la communion qu’il propose.
Et l’on voit ainsi que la vie spirituelle, qui est dans notre conscience, qui traverse toute la Bible et l’histoire de l’Église, et qui s’exprime dans la vie de l’Église aujourd’hui, par les sacrements, c’est tout un : l’appel de Dieu à nous réconcilier avec lui pour vivre en communion lui, et nous tous, pour la vie éternelle.
 
La seconde leçon – et elle sera plus courte – est tout simplement que, quand deux ou trois chrétiens sont réunis au nom de Jésus, Jésus est bien présent au milieu d’eux. Car réunis au nom de Jésus, ces deux ou trois chrétiens forment l’Église dont Jésus est la tête : ils sont son corps. C’est bien pourquoi, quand saint Paul a été converti sur le chemin de Damas, alors qu’il persécutait l’Église, il s’est écrié : « Qui es-tu Seigneur ? » et le Christ lui a répondu : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes ». Jésus et l’Église sont inséparables l’un de l’autre. Tout acte que l’Église fait, Jésus le fait ; toute parole que Jésus dit, l’Église la dit également. On s’aperçoit vite que ce n’est pas toujours vrai, ce qui n’est pas normal : il y a là une perversion, ou l’appel à une conversion toujours à approfondir. Mais là où c’est toujours vrai, où la parole et les gestes de Jésus et de l’Église sont parfaitement identiques, c’est dans les sacrements. Alors si au cœur de sa prière, l’Église fait réellement ce que Jésus fait, alors c’est aussi vrai inversement : Si dans sa prière l’Église demande quelque chose de bon, alors Jésus aussi le demande à son Père, et nous savons qu’il est exaucé.

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