mercredi 20 juillet 2022

09-10 Juillet 2022 - THEULEY - MONT-lès-ETRELLES - 15ème dimanche TO - Année C

 Dt 30,10-14 ; Ps 68 ; Col 1,15-20 ; Lc 10,25-37
 
Chers frères et sœurs,
 
À première vue, l’évangile de ce dimanche se comprend très bien : Jésus encourage le docteur de la Loi – c’est-à-dire nous, avec lui – à aimer d’abord le Seigneur notre Dieu « de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force », selon le commandement donné par Dieu à Moïse, au livre du Deutéronome, afin que nous vivions éternellement. Ensuite, Jésus nous appelle à aimer notre prochain comme nous-mêmes, ainsi qu’il est demandé au peuple d’Israël au livre du Lévitique, afin que nous soyons saints. Voilà donc les secrets de la vie éternelle et de la sainteté.
Aimer Dieu qu’on ne voit pas, c’est déjà une chose, mais aimer son prochain, qu’on voit, ç’en est une autre ! Comment faire ? La question du docteur de la Loi est un peu perverse, parce qu’elle sous-entend qu’il y a plusieurs genres de prochains : il y aurait celui que la Loi m’enjoint d’aimer et celui que – peut-être – je pourrai tenir à distance. Jésus répond par la parabole du bon Samaritain.
Nous avons bien compris que ni le prêtre, ni le lévite – qui représentent le culte et la Loi – ne vont au secours du moribond, qui pourtant est un Juif, venant de Jérusalem. Seul un étranger – et même pire, un ennemi impur – le Samaritain, vient aider le mourant. À travers cet exemple Jésus dénonce les pratiques de pureté rituelle et les contorsions juridiques qui permettaient aux uns et aux autres de diluer le commandement de l’amour du prochain. Ce faisant, Jésus montre que ni les prêtres, ni les lévites n’obéissent à la Loi donnée par le Seigneur à Moïse. Le Samaritain, au contraire, la met exactement en pratique. Jésus n’est pas contre la Loi, il est contre ceux qui la détournent pour leurs propres intérêts. Et c’est normal, puisqu’il est lui-même la Parole de Dieu par laquelle cette Loi a été donnée à Moïse, au Mont-Sinaï.
Cependant, le docteur de la Loi est un homme honnête : il reconnaît que c’est le Samaritain qui accomplit la Loi. Et il accepte que Jésus ait retourné sa question comme une crêpe ! En effet, il avait demandé : « qui est mon prochain ? » ; et Jésus lui avait répondu : « qui a été le prochain de l’homme tombé au main des bandits ? » Qui est le prochain de qui ? Pour Jésus, aimer son prochain, c’est devenir soi-même le prochain de quelqu’un en accomplissant des actes bons envers lui. Le prochain n’est donc pas un familier ou un compatriote, c’est quelqu’un avec qui on a établi un lien de bonté. Et celui qui appelle cette bonté, c’est celui qui a besoin d’aide, de pitié. Il est celui que Dieu voit, et que nous – parfois – nous ne voulons pas voir, parce que nous le considérons comme un fardeau.
 
Nous pourrions en rester là de notre lecture de l’évangile. Mais dans son texte saint Luc a semé quelques petits cailloux pour attirer notre attention. Premier cailloux : le docteur de la Loi met Jésus « à l’épreuve ». Il n’y a que le Satan qui met Dieu « à l’épreuve » : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu » avait répondu Jésus au Tentateur, lors de son jeûne au désert. Deuxième cailloux : l’homme descend « de Jérusalem à Jéricho ». C’est-à-dire qu’il descend de la ville du ciel – du Paradis – pour se rendre à la ville du mal et des ténèbres – Jéricho – la ville dont il faut abattre les murs en tournant sept fois autour avant de pouvoir remonter à Jérusalem, justement. Cet homme qui descend, c’est Adam, c’est toute l’humanité, qui ayant quitté le Paradis, est meurtri par les brigands – les démons – et conduit à la mort en descendant vers les enfers de Jéricho. Alors, troisième cailloux, le Samaritain le vit et « fut saisi de compassion ». Dans les Écritures, il n’y a que Dieu qui soit « saisi de compassion ». Le Samaritain est donc Dieu lui-même. En fait, c’est Jésus, traité par les grand-prêtres et les scribes de « Samaritain », d’étranger hérétique, lui qui pourtant accomplit scrupuleusement la Loi de Moïse, sans hypocrisie. Enfin, quatrième cailloux : « Le lendemain, le Samaritain sortit deux pièces d’argent ». En araméen, ce n’est pas « Le lendemain » mais « À l’aube du jour ». Il s’agit du matin du jour de la résurrection de Jésus. Et justement, il est question de son départ – de son Ascension – en attendant qu’il revienne, à la fin des temps.
Avec ses petits cailloux, saint Luc a donné une nouvelle dimension à la rencontre entre le docteur de la Loi et Jésus et le véritable sens de la parabole de Jésus.
 
Ainsi, nous comprenons que l’homme, ayant quitté le Paradis, est soumis à la violence des démons au risque d’y perdre jusqu’à la vie éternelle. Mais Dieu lui-même intervient : il le sauve ; il le soigne ; il le porte sur sa monture – ou sur ses épaules, comme le Bon Berger. Au matin de la résurrection, Dieu le confie à l’aubergiste auquel il donne deux deniers. C’est-à-dire que Jésus confie à l’évêque, dans son Église, deux moyens pour prendre soin des brebis : la révélation du Père et du Fils, c’est-à-dire l’Ancien et le Nouveau Testament, ou encore l’attestation que l’homme est fait à l’image de Dieu, pour vivre éternellement, et qu’il est appelé à sa ressemblance, pour être saint comme Dieu est saint ; Baptême et Eucharistie.
Le docteur de la Loi avait mis Jésus « à l’épreuve » en le poussant à distinguer parmi les hommes les bons et les mauvais prochains. Mais Jésus lui a répondu que c’est tout l’homme et c’est tout homme, qui a besoin que quelqu’un se fasse son prochain, pour le sauver. Et celui qui répond le premier : c’est Dieu. Jésus ne tombe pas dans le piège du Satan qui détourne la Loi de Dieu pour sauvegarder ses intérêts. Jésus lui rappelle la Loi absolue de l’amour qui oblige les hommes à l’égard de Dieu et entre-eux, à l’image de l’amour éternel et saint que Dieu a lui-même pour toute l’humanité.

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