lundi 9 août 2021

08 août 2021 - IGNY - 19ème dimanche TO - Année B

1 R 19,4-8 ; Ps 33 ; Ep 4,30-5,2 ; Jn 6,41-51

Chers frères et sœurs,
 
Dans l’Évangile selon saint Jean, les discours de Jésus sont comme des diamants, à multiples facettes. On ne peut pas tout expliquer, il faudrait s’arrêter presque à chaque phrase. Je vais donc simplement choisir trois points qui me paraissent importants à souligner aujourd’hui.
 
En premier lieu, Jésus prononce ce discours après la multiplication des pains. Il ne faut pas oublier que c’est un moment très important, où les foules se sont précipitées vers lui, juste après l’assassinat de Jean-Baptiste par le roi Hérode. Sachant que Jésus est de famille sacerdotale par sa mère et de famille royale par son père, est-ce que le moment n’était pas venu pour que le Fils de David prenne le pouvoir et libère Israël de la tutelle romaine ? Or Jésus ne rentre pas dans ce programme politique, il répond : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »
D’un côté, c’est très décevant pour les juifs, car Jésus refuse de se mettre à leur tête pour devenir un roi terrestre. Mais d’un autre côté il leur donne bien plus : il est roi du Royaume à venir, celui de la vie éternelle, royaume de justice et de paix ; et non pas seulement roi pour les juifs, mais aussi pour tout homme qui a entendu la voix du Père et a reçu son enseignement.
Jésus veut faire passer ceux qui l’écoutent d’une conception limitée de la vie, purement terrestre, à une perception de la vie qui dépasse l’entendement, parce qu’elle est céleste. Or, pour passer de l’un à l’autre, d’une vie mortelle à une vie éternelle, d’une connaissance limitée à une intelligence illuminée par l’Esprit, il faut se nourrir du pain du ciel et ce pain du ciel, c’est Jésus lui-même. Évidemment, ce que dit et ce que veut Jésus pour les hommes, dépasse complément leurs projets terre à terre. Jésus a une plus haute ambition pour eux.
 
Nous arrivons au second point. Jésus a bien compris que ses auditeurs avaient du mal à le comprendre. Il leur explique comment on passe de l’incrédulité à la connaissance : « Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. » ; « Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. » Voilà la première étape. Il s’agit d’abord d’une rencontre intime entre Dieu et l’homme, où le cœur et l’intelligence de l’homme sont ouverts par Dieu. Dès lors, cet homme peut se tourner vers Jésus et l’écouter avec attention. Sans l’ouverture préalable du cœur et de l’intelligence, l’Évangile de Jésus glisse comme l’eau sur la pierre. Et c’est ce qui arrive à une bonne partie de ses interlocuteurs : ils ne le comprennent pas.
En revanche, pour qui est arrivé à Jésus par l’intelligence et le cœur, Jésus devient une nourriture vitale, un pain dans le désert. Quand Jésus dit qu’il est pain, il parle de sa chair donnée pour la vie du monde, c’est-à-dire non seulement ses paroles, mais aussi ses gestes, toute son histoire, et aussi tout ce qu’il est, jusqu’à son corps de chair livré sur la croix. Quand Jésus se donne à nous, il se donne totalement. C’est pourquoi nous autres chrétiens, nous devons tenir absolument à cela : Jésus se donne totalement à nous, jusque dans la communion.
Finalement, quand la foi en Jésus s’allie à l’intelligence et au cœur ouverts par Dieu, ce pain – c’est-à-dire Jésus – devient vie éternelle. Et pas seulement : il devient aussi connaissance du Père. Telle est la deuxième étape : lorsque la foi en Jésus, pain du ciel, devient participation à la vie éternelle, et connaissance – par l’intelligence et le cœur – du mystère de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint.
Voilà donc à quoi veut nous conduire Jésus : c’est bien autre chose que devenir notre roi sur terre ; c’est bien plus grand pour nous, plus conforme à notre dignité humaine. Dieu tellement grand pour nous, que nous sommes mêmes incapables de nous le représenter. Mais avons-nous foi en lui ?
 
Dernier point pour finir, et je pense ici au découragement de ce pauvre Elie, qui s’écroule sur le chemin, tellement à ce moment sa vie lui paraît difficile, lourde à porter. Ces moments de découragement, nous les connaissons parfois, et nous comprenons parfaitement ce qui arrive à Elie.
Elie est prophète : c’est un homme à qui Dieu a ouvert l’intelligence et le cœur. Et c’est la raison même pour laquelle il est persécuté. Ils sont assoiffés de justice et de paix, ils ont faim d’amour et de vérité ceux qui sont attirés par le Père. Elie se couche sous un buisson, comme s’il se couchait sous le buisson ardent que Moïse avait vu au Mont Sinaï. Quand on est touché comme Elie, l’histoire d’Israël, et sa prière notamment par les psaumes, sont comme une ombre rafraîchissante, apaisante. En attendant l’ange.
Qui est l’ange ? C’est Jésus lui-même qui dit « Lève-toi et mange ! », comme il dira plus tard à la petite fille :« Talita Koum » ou au paralytique : « Lève-toi et marche ! ». « Lève-toi – ressuscite ! – et mange ». Mange quoi ? Mange « moi » : une petite galette cuite sur des pierres brûlantes. Petite galette, petit pain, mais vie immense, connaissance immense, paix et joie intérieures qui permettent de faire encore quarante jours et quarante nuits de marche, ou quarante ans dans ce monde, avant d’arriver enfin à la Montagne de Dieu, où se trouvent toute connaissance, tout amour, et toute joie.  

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