Jr 23,1-6 ; Ps
22 ; Ep 2,13-18 ; Mc 6,30-34
Chers frères et sœurs,
L’épisode
de la vie de Jésus que saint Marc nous a raconté contient pour nous un
enseignement très important. Que s’est-il passé ?
En
premier lieu, il faut se rappeler que Jésus a d’abord commencé à enseigner et à
vouloir guérir chez lui, dans son clan, à Nazareth, et qu’il n’a pas été bien
reçu. Il est alors parti prêcher dans les villages aux alentours. Mais, devant
l’attente et la demande des gens, considérant que « la moisson est abondante et que les ouvriers sont peu nombreux »,
il s’est en quelque sorte démultiplié en envoyant prêcher ses apôtres deux par
deux. C’est ainsi que les disciples ont été envoyés en mission. Et nous les
voyons ici revenir, faisant à Jésus le compte-rendu de leurs actions et de leur
enseignement. Mais évidemment, beaucoup plus de gens ayant entendu parler de
Jésus, ceux-ci ont souhaité le voir et l’entendre directement.
En
second lieu – cela n’apparaît pas dans les lectures que nous avons entendues,
mais bien dans les évangiles eux-mêmes – c’est que, c’est durant cette mission
des Apôtres, que Jean-Baptiste a été mis en prison et décapité sur ordre du
tétrarque Hérode Antipas. La mission de Jean, qui proclamait un baptême de
conversion en vue de la venue du Messie, est maintenant terminée. C’est donc
que l’heure du Messie a sonné. Souvenez-vous de cette question posée par
Jean-Baptiste à Jésus, alors qu’il était en prison : « Es-tu celui qui doit venir, ou bien faut-il
en attendre un autre ? ». Et Jésus lui avait fait répondre :
« Les aveuglent voient, les boiteux
marchent, les lépreux sont guéris et les sourds entendent »,
c’est-à-dire que le Règne de Dieu a commencé, et qu’il est donc bien, lui
Jésus, le Messie attendu. Jusqu’à présent Jean avait préparé les voies du
Seigneur, mais maintenant, Jésus se retrouve seul, en direct avec le peuple et
avec ses chefs.
Voilà
donc la situation, d’un côté l’heure de Jésus a sonné, (il en mesure les
conséquences), et on voit bien qu’il souhaite se retirer au désert avec ses
disciples pour se mettre en présence de son Père, parce que l’heure est grave ;
et de l’autre le petit peuple d’Israël afflue vers eux parce qu’ils sont comme
des brebis sans berger. C’est l’heure de la réalisation de la prophétie de
Jérémie : Jésus est le germe juste qui régnera en vrai roi, agissant avec
intelligence et exerçant dans le pays le droit et la justice. C’est l’heure du
Règne de Dieu.
Or
nous voyons bien que Jésus n’avait pas prévu que la foule viendrait si
nombreuse l’attendre au bord du lac. Il pensait se retirer en secret dans la
montagne avec ses disciples. Mais « saisi
de compassion », parce que les gens sont « comme des brebis sans berger », il s’arrête et se met à les
enseigner longuement. Jésus a un cœur capable de s’émouvoir quand il perçoit
cette aspiration profonde de son peuple à écouter sa Parole et à se nourrir de
sa vie, comme nous le verrons dimanche prochain.
Cette
capacité du cœur de Dieu à entendre cette aspiration de son peuple, c’est la
bonne nouvelle cachée de l’Evangile d’aujourd’hui. Nous n’avons pas un Dieu de
bois et de pierre, mais un Dieu vivant, qui nous aime, qui s’est fait chair
pour nous, qui s’arrête pour nous entendre et nous donner sa vie. C’est un Dieu
avec lequel on parle cœur à cœur.
[Et
l’une des premières à avoir compris cela, c’est Marie-Madeleine. C’est la
raison pour laquelle elle fut jugée digne d’être la première à voir Jésus
vivant au matin de Pâque, et à avoir reçu la mission d’annoncer sa résurrection
à ses disciples. Elle avait compris que Dieu avait un cœur rempli d’amour, un
cœur bien plus grand que ses propres péchés].
Chers
frères et sœurs, assurés de l’amour de Dieu pour nous, n’hésitons pas à lui
faire part de nos prières les plus profondes, les plus intimes. Il les entend
d’autant plus qu’elles viennent non pas d’abord de notre cerveau mais surtout
de notre cœur. Il les entend encore mieux lorsque ces prières sont portées par
tout un peuple. C’est ce que nous allons faire maintenant. Après avoir prié
pour tous les hommes et pour nous-mêmes, nous nous mettrons en présence du
Seigneur. Nous referons ce qu’il nous a enseigné et demandé de dire et de
faire, et nous recevrons de lui son amour et sa vie, qui renforcent notre foi
et nous font déjà participer au bonheur de son Royaume.